François Rannou

Francois Rannou
Service de rééducation, Institut de rhumatologie, Hôpital Cochin, APHP,  INSERM U1124, Faculté des Saints Pères, Université Paris Descartes, Membre du comité exécutif de l’OARSI (OsteoArthritis Research Society International)

L’arthrose rachidienne et périphérique est la maladie la plus invalidante dans la population mondiale et dans la population française de plus de 40 ans. Elle correspond à environ 30% de l’activité d’un médecin généraliste et plus de 50% de l’activité d’un médecin rhumatologue. Il existe aujourd’hui des recommandations mondiales de prise en charge dictées par l’OARSI (1).

Ces recommandations de prise en charge associent à la fois, des traitements non pharmacologiques et pharmacologiques, et au sein des traitements non pharmacologiques le thermalisme est indiqué notamment dans la polyarthrose avec comorbidité. En effet, les comorbidités aujourd’hui sont l’élément fondamental dans la décision thérapeutique des patients arthrosiques car elle contre-indique un certain nombre de traitements pharmacologiques. Il y a donc une logique médicale à développer les traitements non pharmacologiques dans l’arthrose et notamment le thermalisme.

Le thermalisme est un lieu approprié pour non seulement la prise en charge par kinésithérapie, activités physiques, ergothérapie, appareillages, mais également un lieu d’éducation thérapeutique adapté. Il est intéressant également de souligner que les principaux essais thérapeutiques de bonne qualité ont été développé en France, soulignant l’intérêt ancien et constant de la France pour cette prise en charge. A l’opposé dans certains pays, cette prise en charge n’existe pas, elle est donc inévitablement ignorée. Nous avons la chance en France d’avoir un tissu de stations thermales qui permet aujourd’hui à tout français de pouvoir avoir accès à cette prise en charge. Profitons-en!

Espérons que dans les années à venir, les stations thermales puissent participer non pas seulement à la prise en charge thérapeutique, mais également à la recherche clinique et fondamentale dans le domaine de l’arthrose. Ceci est déjà largement engagé avec l’AFRETH et gageons que dans les années à venir de plus en plus d’études seront développées. Continuons donc à inclure dans notre arsenal thérapeutique le thermalisme pour les patients arthrosiques français qui sont environ 10 millions en France avec un coût total aux alentours de 5 milliards d’euros par an. Ce coût est principalement expliqué par la minorité de patients recevant une prothèse totale de genou ou de hanche. Cette dernière remarque va dans le sens d’un rôle économique positif de toute prise en charge qui permettrait de diminuer la pose à terme de prothèses.

Le thermalisme s’inscrit donc bien dans un objectif thérapeutique non pharmacologique où les comorbidités doivent être prises en compte. Pour l’avenir, il serait souhaitable de pouvoir également montrer un intérêt médico-économique du thermalisme en démontrant par exemple une diminution du recours à la prothèse !

 

1. McAlindon TE, Bannuru RR, Sullivan MC, Arden NK, Berenbaum F, Bierma-Zeinstra SM, Hawker GA, Henrotin Y, Hunter DJ, Kawaguchi H, Kwoh K, Lohmander S, Rannou F, Roos EM, Underwood M. OARSI guidelines for the non-surgical management of knee osteoarthritis. Osteoarthritis Cartilage. 2014 Mar;22(3):363-88.